Sixième archive et on retrouve des Japonais au chant, élément d’une petite razzia dans la collection New Japan du label zornien.
Chronique publiée à l’origine le 4 novembre 2006
Artiste : Adachi Tomomi Royal Chorus
Titre de l’album : Yo
Année de sortie : 2003
Label : Tzadik
Genre : A cappella, groupe vocal, poésie sonore
En tombant sur ce disque, à la lecture de l’encart promotionnel, j’ai cru tenir entre mes mains un disque très divertissant, plein d’énergie et dont je pouvais saisir la plupart des nuances. Ce pari risqué, cet investissement incertain m’ont conduit à une amère déception devant ce que j’ai d’abord supposé être un manque d’originalité. C’est surtout un poil ennuyeux et fatigant à la longue. Malgré ses aspects fort sympathiques, l’album ressemble davantage à un exercice solfique qu’à un répertoire de chants travaillés – et si la dimension punk semble bien vue, la complexité des agencements de voix prend le pas sur la musicalité et le disque semble s’étirer en longueur. Un peu comme Adult Themes For Voice de Mike Patton, le bilan est plus que mitigé, car Yo dans son intégralité n’est vraiment pas facile d’écoute. Pourtant, j’aurais cru m’attacher facilement à ce disque indigeste. Je me pensais vraiment rompu comme un bâton de tambour à ce type de musique vocale, ayant fait partie de diverses formations et en particulier d’un ensemble de percussions qui pratiquait justement l’exercice du groupe vocal. J’imaginais retrouver ce qui me plaisait dans une pièce musicale de Patrice Legeay (d’ailleurs baptisée Variations sur un Thème Japonais) : l’art de jouer sur les syllabes, les consonances et onomatopées rythmiques, les timbres de voix, dans un esprit de drôlerie. Entre jazz et funk, les sons qui sortaient de nos bouches devaient plus ressembler à un jeu de batterie qu’à des paroles courantes ; quatre voix oscillant entre canons et questions-réponses. Or, cette expérience personnelle n’a presque rien à voir avec la poésie sonore du Royal Chorus, qui tient plus de l’aboutissement d’un travail acharné, du projet sadique mais aussi du plaisir jubilatoire pour les premiers concernés. Seul point sur lequel on s’accorde : l’aspect pratique de la langue japonaise, dont l’alphabet se compose de syllabes, à transformer des mots en sons.